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Le Marché de Selembao : cœur battant des collines populaires de Kinshasa

Le Marché de Selembao : cœur battant des collines populaires de Kinshasa

Introduction

Sur les hauteurs du sud-ouest de Kinshasa, là où la ville se mêle à la poussière rouge et aux collines densément habitées, s’anime chaque matin un espace vibrant : le Marché de Selembao.
Ce n’est pas un marché touristique ni un décor de carte postale. C’est le Congo du quotidien, celui de la débrouille, de la créativité et de la chaleur humaine.

À Selembao, on ne vient pas seulement pour acheter ou vendre : on vient respirer l’âme populaire de Kinshasa.
C’est là que se croisent les artisans, les mamans commerçantes, les jeunes vendeurs ambulants et les musiciens de rue.

📍 Adresse / Quartier : Avenue de l’Université, quartier Luyindu, commune de Selembao
🏙️ Province : Ville-province de Kinshasa

1. Un marché né du peuple pour le peuple

Le Marché de Selembao s’est développé spontanément dans les années 1970, à mesure que la population s’installait sur les collines de l’ouest de Kinshasa.
À l’époque, la zone manquait de tout : routes, électricité, structures commerciales.
Les habitants ont alors créé leur propre espace d’échange, sans planification officielle — un marché né de la nécessité, mais devenu un symbole d’autonomie locale.

Aujourd’hui, il est reconnu par la mairie et géré par des associations locales.
Il reste l’un des marchés les plus dynamiques et les plus authentiques de la capitale.

2. Un décor vivant sur les collines de Kinshasa

Le marché s’étend le long de l’Avenue de l’Université, dans une zone vallonnée où chaque mètre carré est utilisé.
Les étals débordent sur les trottoirs, les ruelles s’entremêlent, et les odeurs de manioc, de charbon et de savon flottent dans l’air chaud.

De loin, on distingue les parasols multicolores qui couvrent les vendeuses, comme des fleurs dans la poussière.
Le bruit est constant — mais c’est une symphonie humaine :
les cris des vendeurs (“Ya ba tomate !”),
les radios diffusant la rumba,
le martèlement des couturiers,
le rire des enfants qui courent entre les stands.

Selembao, c’est Kinshasa à l’état brut, sans maquillage, sans façade.

3. Les produits du quotidien et du terroir

Le marché de Selembao est avant tout un marché de proximité.
On y trouve tout ce dont une famille kinoise a besoin pour vivre :

🍚 Vivres de base :

  • Manioc, maïs, riz, haricots, farine, huile rouge.

  • Légumes frais : pondu, bitekuteku, amaranthes, gombos.

🐟 Produits animaux :

  • Poissons fumés, chinchards, poulets du village.

  • Œufs, viandes locales, charbons pour grillades.

🧄 Épices et condiments :

  • Piment rouge, ail, gingembre, feuilles d’arôme, cube Maggi (indispensable !).

🧺 Artisanat et petit commerce :

  • Paniers en raphia, balais, pagnes, savons artisanaux, vêtements d’occasion (friperie).

Le marché est un reflet du génie populaire : tout y est récupéré, transformé, revendu.
Rien ne se perd, tout trouve une nouvelle vie.

4. Les “mamans commerçantes” : âmes et piliers du marché

Impossible d’évoquer Selembao sans parler des mamans commerçantes.
Elles sont les véritables héroïnes du quartier — travailleuses infatigables, économistes instinctives et gardiennes de la solidarité communautaire.

Leur organisation est impressionnante : elles ont mis en place des tontines, des associations d’entraide et des tours de garde pour assurer la sécurité.
Chaque matin, on les voit arriver à pied, parfois de très loin, portant sur la tête des bassines de fruits ou des sacs de manioc.

Ces femmes sont le moteur silencieux de Kinshasa.
Elles incarnent la résilience, la dignité et la joie malgré les difficultés.

5. Le marché comme lieu de culture et de vie sociale

À Selembao, le marché n’est pas qu’un espace de commerce : c’est le centre de la vie communautaire.
On s’y informe, on s’y dispute, on s’y réconcilie, on y partage des histoires.
Les musiciens ambulants y testent leurs chansons, les jeunes y débattent de politique, et les églises de quartier y recrutent leurs fidèles.

C’est aussi un lieu de transmission :
les jeunes y apprennent la négociation, le respect des anciens, et le sens du travail.
Chaque étal est une petite école de débrouillardise.

6. Entre précarité et ingéniosité

Le Marché de Selembao fait face à de nombreux défis :

  • manque d’infrastructures couvertes,

  • problèmes de salubrité,

  • difficultés d’accès pendant la saison des pluies.

Pourtant, ces obstacles n’ont jamais freiné la créativité des habitants.
Les commerçants ont construit des abris de fortune avec des bâches recyclées, installé des caniveaux artisanaux et organisé des campagnes de nettoyage collectif.

Cette capacité à s’organiser sans attendre l’État fait de Selembao un modèle d’économie communautaire.

7. Couleurs, saveurs et émotions

Ce marché est une fête visuelle :

  • les pagnes aux motifs éclatants,

  • les tomates empilées comme des bijoux,

  • les poissons fumés suspendus comme des trophées,

  • les cris joyeux des vendeurs.

Le visiteur étranger ou kinois curieux y trouve une leçon d’humanité : la beauté du quotidien, la poésie de l’ordinaire.
C’est dans ces marchés que se cachent les vrais visages du Congo — simples, fiers, généreux.

8. Conseils pratiques pour les visiteurs

🕓 Horaires : de 6h à 17h (meilleur moment : 7h–11h).
🚖 Accès : taxi ou moto depuis Ngaba ou Kalamu (25–45 min).
🍛 À goûter sur place :

  • Poisson braisé au piment,

  • Bananes frites (makemba),

  • Bouillie de maïs vendue au coin des ruelles.

💡 Astuces locales :

  • Toujours saluer avant de demander le prix — la politesse ouvre les portes.

  • Acheter un peu partout plutôt qu’en un seul endroit : chaque vendeur a sa spécialité.

9. Le marché, miroir du Congo populaire

Le Marché de Selembao, c’est le Congo des collines, celui des gens ordinaires qui bâtissent la ville par leurs mains.
Chaque sac de manioc, chaque panier de légumes, chaque sourire raconte une histoire : celle d’un peuple qui refuse d’abandonner.

Il symbolise la vitalité, la solidarité et la dignité du peuple kinoise.
C’est un lieu de mémoire vivante, un espace où s’expriment la créativité, la survie et la joie d’exister.

Conclusion

Le Marché de Selembao n’a peut-être pas la renommée de Zando ou la taille de Matadi Kibala, mais il a quelque chose qu’aucun autre marché ne possède : une âme.
C’est un lieu vrai, brut, humain — un condensé de ce que Kinshasa a de plus beau : sa force collective, son humour, sa résilience.

Visiter Selembao, c’est comprendre que le Congo ne se résume pas à ses grands boulevards ni à ses tours modernes, mais qu’il vit dans ses marchés, dans ses voix, dans sa poussière et dans son espoir.

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